mercredi 11 décembre 2013

LE SOLIDARISME: INTRODUCTION GENERALE


 INTRODUCTION GENERALE

«Travailler d’urgence à l’instauration d’un nouvel ordre économique international fondé sur l’équité, l’égalité souveraine, l’interdépendance, l’intérêt commun et la coopération entre tous les Etats indépendamment de leur système économique et social, qui corrigera les inégalités et rectifiera les injustices actuelles, permettra d’éliminer le fossé croissant entre les pays développés et les pays en voie de développement et assurera dans la paix et la justice aux générations présentes et futures un développement économique et social qui ira en s’accélérant[1]»


 L’humanité subit des crises multiformes. Au plan économique, chômage, récession, inflation et déficit sont la hantise quotidienne des gouvernements. A cela viennent s’ajouter les problèmes liés à la survie dans les pays du tiers-monde (malnutrition, accès difficile à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation…). Au plan politique et social, on observe une forte ébullition: conflits armés ou larvés, menaces de guerre, grèves, revendications, corruption, injustice et insécurité sont des sujets de préoccupation constante.


 Le solidarisme est un système qui part du principe d’interdépendance de l’ensemble des individus qui composent la société. Ainsi, la résolution des problèmes de l’humanité réside dans la prise de conscience des liens d’interdépendance et de solidarité organique qui unissent ses membres du fait de leurs actions individuelles. Cela implique la nécessité d’une approche globale dans la résolution des problèmes humains. Le bien-être, qui est l’aspiration première de l’homme, dépend premièrement de la satisfaction des besoins matériels c’est-à-dire économiques. Or le bien-être individuel étant corrélé au bien-être collectif, il est nécessaire de mettre en place des institutions susceptibles de créer un cadre  propice à un meilleur épanouissement des agents économiques au sein de leur communauté.


Il importe cependant de comprendre que les problèmes économiques ne peuvent être traités en dehors du contexte social, philosophique, politique et idéologique dans lequel ils se posent. C’est ce qui a fait dire à Marx et Engels[2] que: « La production des idées, des représentations et de la conscience est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle».


           Il apparaît donc à la suite de Jean Ziegler[3], l’éminent sociologue suisse, que : « Dans une société où le réseau des rapports sociaux ne rend pas justice du degré de développement des forces productives, autrement dit, dans une société dont l’organisation sociale, politique et idéologique ne correspond pas à la base économique, le développement des forces de production se trouve entravé». Ceci revient à dire qu’il ne peut y avoir d’efficacité dans le processus économique (plein emploi des facteurs de production) si la superstructure (idéologies, représentation collectives et individuelles) sur laquelle repose la société est erronée. Par exemple, un système favorable à l’esclavage n’atteindra jamais l’efficacité économique dans la mesure où l’esclave n’est maître ni de ses choix économiques, ni de ses facultés personnelles (talents, dons…).


           Le but du présent ouvrage est de résoudre le problème économique en le restituant dans sa globalité. Cette approche multidimensionnelle devra nécessairement réconcilier la plupart des disciplines des sciences sociales notamment la sociologie, la philosophie et l’économie.


Dans un premier temps, nous allons revisiter le processus de naissance et de fonctionnement de la société. Cette analyse sociologique va nous permettre de faire avec Jean Ziegler[4] : « La critique des superstructures, des organisations de rapports de production matérielles, symboliques, qui freinent, bloquent ou paralysent la libre créativité des hommes ».


 Dans un deuxième temps, nous irons à la recherche des causes premières c’est-à-dire des principes fondamentaux, des vérités essentielles qui forment le socle sur lequel repose tout système cognitif. C’est donc par une démarche purement philosophique, par la méthode d’induction à rebours  [5], que nous allons remonter le cours de la pensée pour la situer à son point liminaire. Cela nous permettra d’évaluer le processus logique qui a concouru aux théories existantes afin de les amender s’il y a lieu.


 Enfin dans un troisième temps, nous allons traduire et formaliser  sur le plan économique, les principes philosophiques et les modes d’organisation sociale qui sont à la base solidarisme. Il s’agit ici de démontrer sur le plan analytique la justesse des hypothèses de base du système solidariste d’une part, et d’autre part de montrer toutes les implications auxquelles elle aboutit en termes de résolution des problèmes économiques contemporains. 


[1] Assemblée générale des nations unies, résolution 3201 (S-VI, p. 2,9 mai 1974, Chronique mensuelle des nations Unies, Vol. XI, n°5, mai 1974.
[2] Karl Marx et Friedrich Engels, L’idéologie allemande, Première partie : Feueurbach (1848). p. 17.      
[3] Ziegler Jean, Retournez les fusils, manuel de sociologie d’opposition, Paris, Seuil, 1980.
[4] Ziegler Jean, Retournez les fusils, manuel de sociologie d’opposition, Paris, Seuil, 1980.
[5] L’induction à rebours est une méthode de raisonnement très utilisée en théorie des jeux pour éliminer des menaces non crédibles car reposant sur des stratégies qui ont rationnellement peu de chances d'être choisies. Dans le cadre de cette étude il s’agira de déterminer les choix logiques qu’auraient dû opérer nos ascendants s’ils avaient été rationnels dans leurs décisions économiques.



Extrait du livre de Francis BIDJOCKA, "Le Solidarisme: Une solution intégrée aux problèmes du développement économique", Editions Lupeppo, Yaoundé,2017.







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